Complètement Banane

En 2019, l'artiste italien controversé Maurizio Cattelan a collé une banane sur le mur de l'Art Basel de Miami et elle s'est vendue à $120 000. Cela a sans aucun doute créé une explosion dans le monde de l’art et cela a fait la une partout dans les nouvelles. En réponse à tout cela, j'avais réalisé une peinture réaliste de la banane scotchée sur toile avec des vulgarités écrites dessus. C’était mon attitude de « doigt du milieu » face à l’absurdité de tout cela. Cette frustration n'était pas dirigée contre l'artiste lui-même, Cattelan a tout de même réalisé des oeuvres très intéressantes et est connu pour être controversé. En fait, à bien y penser, il y avait une certaine brillance dans tout cela puisque c'était partout dans les nouvelles. Il n’y a pas de mauvaise publicité, n’est-ce pas ? Était-ce un coup publicitaire planifié ou était-ce fait sous l’impulsion du moment ? Qui sait ? L'oeuvre d'art, si on peut lui donner tel titre, vient tout juste de revendre pour $6.2 million! L'acheteur reçoit une banane, un rouleau de "duct tape" et des instructions de comment monter et remplaçer la banane. L'investissement est plus dans un concept que dans une œuvre d'art.

Mon œuvre était plutôt une protestation envers le monde de l’art dans son ensemble. Bien qu'en surface, le tout soit plutôt artistiquement drôle, ça peut laisser un arrière-goût amer à certains, car de nombreux artistes incroyablement talentueux luttent pour vivre de leurs œuvres. Il est difficile pour certains d'entre nous d'imaginer qu'une banane pourrie mériterait un investissement de 120 000 dollars, encore moin $6.2 millions, alors que de nombreux artistes superbes ont du mal à vendre quoi que ce soit. Au fil des années, j’ai passé beaucoup de temps à réévaluer mon point de vue sur ces « œuvres d’art », si on peut les appeler ainsi. Pour moi, un artiste doit faire de l’art et doit avoir prit la peine d'apprendre à faire de l’art. Pendant que l’artiste crée de l’art et se salit les mains, certaines absurdités sont non seulement tolérables, elles sont les bienvenues si elles sont bien pensés, mais dans quelle mesure celui ou celle qui ne fait que des absurdités devrait-il/elle survivre dans le monde des arts? De nombreuses discussions peuvent avoir lieu sur le sujet. Je pense que nous pouvons tous convenir que si quelqu'un qui ne sait pas faire de l'art scotchait une banane sur le mur d'une galerie et la vendait pour $120 000, cela pourrait être drôle pendant une semaine, mais ce serait finalement inacceptable et le monde de l'art devrait l'admettre et le rejetez si non le monde de l’art entier et tous les vrais artistes seraient complètement honteux. Cependant, si un(e) artiste établi(e) et talentueux/se colle une banane sur le mur, c’est une absurdité acceptable, mais qu'est-ce que cela dit sur le monde de l'art dans son ensemble? La vérité est que je ne sais pas et je ne suis toujours pas sûr de ce que je ressens à ce sujet.

Mon oeuvre « commentaire » a passé aux nouvelles avec une entrevue à Radio Canada (écoutez ICI). La blague était que je la vendais à $120 000. Malheureusement, personne ne l'a acheté!

Quelques années plus tard, j'ai retrouvé mon peuvre pendans un déménagement et j'ai réalisé que j’aimais toujours beaucoup la banane et le message en générale, mais je n'aimais plus la vulgarité et l'ambiance négative qu'elle projetait. J'ai beaucoup changé depuis et j'ai décidé de revisiter l’oeuvre avec un nouveau regard. Après y avoir réfléchi un moment, j'ai eu cette idée qui, je crois, véhicule toujours le message que peu importe la façon dont on voit cette choses, c'est complètement fou. Cette pièce révisée intègre ma nouvelle approche des « cadres dans les cadres ».

L’a voici, Completely Bananas (Complètement Banane):

Completely Bananas
Acrylique sur toile étirée et paneau encadré
14" x 18"
2019 - 2023

© 2023 Pascal Leo Cormier. Tout Droits Réservés.